Interview de Nicolas Delahaye

La plupart du temps vous l’entendez de très loin avant de le voir, non pas qu’il crie mais plutôt qu’il « encourage fortement », vous avez deviné de qui je vais vous parler ? N’hésitez pas à lire la suite pour en savoir un peu plus sur le coach historique de l’EMSAM, Nicolas DELAHAYE !

Bonjour Nicolas, en quelques mots peux-tu te présenter ?

Bonjour, Nicolas Delahaye, j’ai 44 ans, je suis salarié au sein du club EMSAM depuis 2003 et j’entraine depuis 1993.

Dans l’Entente Mont Saint Aignan Maromme, je suis chargé du secteur « jeunes et compétitions ».

Peux-tu nous parler de ta carrière sportive ? Avais-tu une discipline favorite ?

J’ai commencé l’athlétisme en benjamin 2ème année en 1990. J’ai tout de suite eu des prédispositions pour la hauteur car malgré ma petite taille, je passais des barres à 1m15. J’ai très vite accroché au sport en général et j’ai voulu toucher à toutes les disciplines. C’est l’avantage de l’athlétisme, on peut découvrir plein de disciplines différentes, on ne se lasse pas. Mais comme je l’ai dit, très tôt je me suis orienté vers le saut en hauteur, j’ai également participé à pas mal de décathlons.

A l’époque, l’EMSAM était une toute petite structure, avec peu d’adhérents, lors de mes premières compétitions nous étions deux athlètes. Je me souviens, c’était Anne Marie Alliouz, la secrétaire du club, qui nous emmenait dans sa 4L !

Nicolas passionné de saut en hauteur, tente une barre à 2m00 passée en 1999

Quel est ton meilleur souvenir en tant qu’athlète ?

Ma finale au championnat de France Espoir, en 1999 à Aix les bains. Au concours de saut en hauteur, je me suis qualifié en finale avec une barre à 2m00, j’étais très content ! La finale était bien plus compliquée, le gagnant ayant passé 2m20, ce qui est une très très belle perf pour un Espoir !

Depuis quand es-tu entraineur ?

J’ai commencé à encadrer en 1993, mon premier vrai poste était à Notre-Dame-De-Gravenchon en 2000 pendant trois ans. Puis j’ai été engagé par l’EMSAM en 2003. Durant cette époque j’étais également responsable national jeune de saut en hauteur dès 2002.

J’ai été le plus jeune entraineur de l’équipe de France de saut en hauteur pendant trois ans. Cela m’a permis de faire des stages un peu partout en France et de côtoyer le haut niveau. Ça m’a apporté énormément de connaissances grâce aux meilleurs coachs français. J’ai pu voyager dans toute l’Europe pour suivre mes athlètes au niveau international. Ça reste une période de ma vie très enrichissante au niveau professionnel.

Nicolas en sélection de l'équipe de France au Championnat d'Europe 2009 en Serbie

J’ai eu la chance d’encadrer plusieurs jeunes avec une dizaine de sélections en tant que coach national, pas seulement en hauteur mais pour toutes les disciplines.

Je me souviens, en 2007 j’ai vu mon premier athlète sélectionné aux championnats de France.

Quel est ton meilleur souvenir en tant que coach ?

Il y’en a plein en fait, car j’ai eu pas mal de bons athlètes depuis que j’entraine. J’ai toujours eu comme plaisir de voir mes athlètes progresser quelques soit le niveau. Je me souviens d’un jeune qui n’était pas forcément fait pour l’athlétisme et qui finalement a réussi à sauter 5m en longueur…c’était une très belle récompense à mes yeux.

Sinon, les 2m20 de Damien FITTE DUVAL, au concours de saut en hauteur, la 6ème place de Valentine ZMUDA au championnat d’Europe de saut en longueur et pour finir le doublé de Romain BUREL au 100m et 200m.

En vrai, un de mes plus beaux moments, c’est la première médaille au championnat de France de JIBRIL COULIBALY au concours de hauteur. Je m’en souviens très bien, il pleuvait des cordes, les conditions étaient atroces et Jibril n’arrivait jamais à faire des belles perfs lors de ces championnats… cette fois il s’est surpassé, c’était magique…il n’avait jamais décroché de médaille nationale.

Ce groupe coaché par Nicolas a remporté 34 médailles au championnat de France dont 12 titres !

Maintenant je repense aux records de France de Jérémy LELIEVRE aux épreuves combinées en cadet et en espoir (en salle), pour l’occasion il bat deux fois Kevin Mayer. Il reste le seul français à avoir battu Kevin au Décathlon 😊

Coupe d'Europe en 2013, victoire de la France avec entre autre, Jérémy LELIEVRE  (torse nu au centre) et Kevin Mayer (torse nu à droite), ou est Nicolas ?

En tant que coach, je voudrais également évoquer mon pire souvenir qui me revient : le titre de championne de France de saut en longueur junior de Valentine ZMUDA. Alors pour bien comprendre cela il faut remettre les choses dans leur contexte. Valentine avait passé une année terrible, des blessures, peu de temps pour s’entrainer, un retour difficile, mais elle avait bossé à fond… fin juin, elle remporte le meeting de sélection pour les championnats du monde, puis réalise la semaine d’après les minimas avec 6m05 (la performance qui lui permet d’être qualifiée aux WA d'Athlétisme). Seulement, la DTN (direction technique nationale) a décidé de ne pas la sectionner au championnat du monde, jugeant qu’elle n’avait pas le niveau !

Le championnat de France se déroulait le même jour que le championnat du monde… elle remporte ce jour son 9ème titre de championne de France avec un saut à 6m23… mais elle aurait terminé VICE championne du monde avec une telle performance. J’ai toujours un souvenir amer après tant d’années…

As-tu une méthode particulière pour faire progresser tes athlètes ?

Non, il n’y a pas vraiment de méthode miracle. Il faut faire en sorte de suivre réellement chaque athlète. Il faut beaucoup de patience et prendre le temps de faire progresser chacun à son rythme.

Je prends le temps pour chacun, quelques soit son niveau, on ne sait jamais comment les jeunes vont pouvoir progresser. Le jeune qui semble en difficulté au début de sa « carrière », peut très bien se révéler excellent par la suite, à force d’entrainements, de persévérance et de motivation. Selon moi ça reste les trois grands mots qui font un athlète.

Quels conseils pourrais-tu apporter à ceux qui voudraient devenir coach sportif ? Des qualités particulières ?

Pas évidente ta question, il faut être pédagogue bien sûr mais pas que. Il faut s’informer des techniques qui évoluent, toujours être à la recherche de la situation qui va faire progresser l’athlète. Un point primordial à mes yeux, c’est d’être en constante remise en question, c’est super important, je pense que ma grande force en tant que coach vient de là : Je passe beaucoup de temps à me dire que je ne suis pas le meilleur et j’en passe encore plus à faire en sorte de le devenir.

Enfin pour être coach, il faut avoir du temps, beaucoup, beaucoup de temps

Nicolas a visiblement encore du temps de libre, même pour jardiner ;) Julien Tragin (c)

Tu es très apprécié au sein du club, quelle est ta botte secrète ?

Le charisme (rire) ! Non, mais je pense que je suis à l’écoute de tout le monde et je fais en sorte que tout le monde puisse s’épanouir au sein du club, que les jeunes puissent pratiquer leurs disciplines sans rencontrer trop de problèmes, c’est la base du boulot pour moi. Être à l’écoute.

Quel serait ton souhait particulier dans l’évolution du club ?

J’aimerai pouvoir proposer aux athlètes, une structure couverte permettant de s’entrainer efficacement durant l’hiver.

Un dernier mot pour finir ?

Je voudrais juste remercier les personnes qui me soutiennent au sein du club EMSAM, les athlètes et les parents qui me font confiance. Ça fait un peu cliché, mais c’est sincère !

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Merci Nicolas d'avoir pris le temps de répondre à nos questions. Merci pour ton engagement de chaque instant, nous te souhaitons de recevoir autant et bien plus que ce que tu donnes à tous tes athlètes. MERCI !

A bientôt pour un nouveau portrait !